Château Cantin
Symphonie en Saint-Emilion
Situé à l’est de la butte de Saint-Émilion, le Château Cantin, du latin cantio, le chant, a emprunté son nom au ruisseau en contrebas. Un nom prédestiné eu égard à la tonalité du vin produit sur ses terres et à sa mélodie gustative, reconnaissable entre toutes.
Après un passé de maison noble au Moyen Âge, les principales dépendances de l’édifice furent construites au XVII siècle par l’ordre religieux des moines bénédictins. Monastère et ferme à la fois, il était également utilisé comme résidence d’été par les chanoines de Saint-Émilion.
En 1770, Cantin apparaît déjà en tant que vignoble sur la carte de Belleyme, le cartographe de Louis XV, ce qui ne laisse aucun doute sur sa vocation. Les guerres et les révolutions successives auront bouleversé l’existence du château, mais pas sa raison d’être : produire un vin raffiné issu d’un terroir exceptionnel.
UN CHANT DISCRET DANS LA COUR DES GRANDS
L’appellation Saint-Émilion incarne une certaine vision de l’excellence à la française et son vignoble mythique, réparti sur 8 communes, a encore franchi un cap en 1999, en devenant le premier du genre inscrit au Patrimoine mondial de l’Humanité au titre de « paysage culturel ».
C’est ici, au nord-est de la juridiction, sur la commune de Saint-Christophe-des-Bardes, que rayonne l’ancien domaine monastique et ses vignes, d’une superficie totale de 35 hectares, réparties harmonieusement autour de la bâtisse. Une vingtaine de parcelles largement dominées par le merlot, abandonnent quelques hectares au cabernet franc. Château Cantin est l’archétype de ces très rares crus pour lesquels l’extrême complexité des terroirs détermine paradoxalement une véritable homogénéité, chaque parcelle apportant sa propre contribution, selon les millésimes.
Deux unités géologiques façonnent la spécificité du terroir, dont le plateau fossilifère avec ses couches d’argile à huîtres, de calcaire à grain fin et de calcirudite, où s’immiscent les racines les plus profondes. L’autre partie, à l’est de la butte de Saint-Émilion, est constituée d’une couche de calcaire à astéries, associée à l’argile de Castillon, de nature imperméable. La pierre et la vigne semblent ici en accord parfait, donnant naissance à de grands vins.
ÉVOLUER EN RENOUANT AVEC UN PASSÉ PRESTIGIEUX
Pendant que nous parcourons les vignes, nous apercevons toutes ces mains qui relèvent, échardent, épamprent, là où les machines ne peuvent rien. Pour obtenir une maturité optimale, l’effeuillage côté levant est toujours effectué manuellement. Les vendanges et le tri des raisins, eux aussi réalisés à la main, restent de mise pour les 1ers Crus.
Sébastien, responsable de l’exploitation connaît bien ces terres pour y être né et a suivi leur récente évolution :
« Depuis la reprise en main du domaine par la Famille HELFRICH en 2007, plus de 12 hectares de vigne ont été restructurés. On cherche davantage à exploiter les cépages en fonction des potentiels du terroir, grâce à l’étude des profils pédologiques, ces coupes verticales de sols. Nous adaptons aussi les porte-greffes, afin d’obtenir le meilleur enracinement possible. Et côté environnement, nous veillons au maintien de la biodiversité par le plantage de haies, et de jachères à l’année sur les parcelles non exploitées, pour faire reposer la terre. » Viticulture raisonnée et adaptation sont ici les maîtres-mots.
UNE VINIFICATION TOUT EN NUANCES
La plupart des vins sont entonnés dans des barriques neuves et contrôlés par des dégustations successives qui suivent l’évolution du profil aromatique pendant dix-huit mois. Le choix s’est porté, entre autres, sur des barriques autrichiennes pour faire évoluer la structure et le style de ce Saint-Émilion, avec plus de fraîcheur et de tension.
L’assemblage final respecte au plus près la typicité du terroir et les besoins de s’adapter selon les millésimes, pour fournir un vin puissant et complexe avec d’élégants arômes de griottes et de vanille. Un travail de haute couture salué par un palmarès impressionnant.
